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Le tombeau de Saint Lénard (Léonard) à Andouillé Neuville

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En Bretagne, les Saints ont une importance particulière. De nombreux saints sont « bretons », je m’explique : ils sont connus dans la région parce que ce sont des personnes qui sont soit originaires de Bretagne, ou qui ont fait quelque chose de remarquable en Bretagne et sont vénérés comme tels par la population.

Par contre, leur réputation ne dépasse pas forcément la Bretagne et souvent l’église ne les reconnaît pas.

Lieu magique tombeau de St Lénard 35Saint Lénard ou Léonard du pays d’Aubigné est l’un d’eux. Son tombeau est situé sur la commune d’Andouillé Neuville, en bord de route (sur l’ancienne route menant de Rennes au Mont Saint Michel RN 175) et est encore très fréquenté.

L’ensemble votif (qui commémore l’accomplissement d’un voeu) du tombeau de saint Lénard est constitué par une allée plantée d’arbres menant à une croix de granite placée au-dessus de deux marches. Celle-ci porte l’inscription : « CROIX / DE / St LEONARD / AVRIL 1867 ». Le site est orné de multiples ex-voto (un ex-voto est un objet déposé dans un lieu saint portant une formule de reconnaissance en remerciement d’un voeu ou d’une grâce obtenue). (site de l’inventaire général du patrimoine culturel)

La légende rappelée dans l’allée menant au tombeau l’a fait dater d’au moins de 1580 puisqu’alors une chapelle dans le bois de Borne (commune de Gahard) lui était dédiée. Elle n’existe plus aujourd’hui mais le tombeau du Saint, aujourd’hui en bord de route, est toujours visité.

Le site du pays d’Aubigné rappelle la légende plus précisément mais la situe au XIXè siècle : avant la construction du tombeau.

Au milieu du siècle dernier, vivait dans une petite maison entre Sens et St Aubin, un homme qui s’appelait Léonard.C’était un mauvais garçon qui ne se plaisait qu’à imaginer de méchants tours qu’il faisait endurer à ses voisins.
Il se plaisait surtout à faire jurer les charretiers qui, à cette époque, y étaient encore plus disposés qu’aujourd’hui; les plus belles voies de ces temps reculés ressemblaient assez à nos chemins de traverse, et le moindre charroi exigeait un grand nombre de chevaux. Léonard mettait de grosses pierres sur les routes pour faire buter les attelages, et il creusait de profondes ornières dont on ne retirait les charrettes qu’au prix des plus grands efforts.

Tombeau de Saint Lénard RennesQuand les charretiers juraient en fouettant leurs chevaux, et qu’ils mouillaient leur chemise en s’efforçant de relever les voitures versées ou de faire avancer celles qui étaient embourbées, ils entendaient rire dans le champ voisin : c’était Léonard qui s’était caché derrière les arbres pour voir la déconvenue de ses victimes et jouir du succès de ses méchantes ruses.
Aussi, il était craint et haï de tous; sa méchanceté était devenue proverbiale, et les routiers qui parcouraient la Bretagne avaient coutume de frapper leurs chevaux rétifs en leur adressant le nom de Léonard comme une suprême injure.
Un jour qu’il se promenait dans le bois de Borne, il prit une pomme dans un pommier sauvage, et bien qu’il eut soif, il la trouva si amère qu’il la rejeta loin de lui; puis il en cueillit une autre qu’il plaça entre les branches d’un chêne pour voir si elle deviendrait meilleure en mûrissant.

Quelque temps après, il repassa auprès du chêne et goûta la pomme qu’il trouva juteuse et agréable.
– Ah ! mon Dieu, dit-il, tout s’amende dans la nature, il n’y a que moi qui ne deviens pas meilleur…Désormais, je ne veux plus faire que du bien.
Comme il prenait cette résolution, il aperçut des charretiers dont le chariot était embourbé, et il alla de leur côté pour les aider. Mais, un des charretiers qui avait eu à souffrir des malices de Léonard et ignorait sa conversion, crut qu’il venait encore pour jouer quelque mauvais tour et il dit :
– Ah ! voici ce méchant Léonard, mais il va payer aujourd’hui tout le mal qu’il m’a fait !
Et, saisissant un gros morceau de bois qui était dans sa charrette, il frappa Léonard à la tête et le tua raide.

Ensuite, il l’enterra sur la lande où il était tombé et mit sur la fosse une grosse pierre.

Cependant, au bout de quelques temps, le bruit se répandit que Léonard était mort en odeur de sainteté et qu’il faisait des miracles.
Ce fut le peuple qui, sans aucune assistance de Rome, se chargea de la canonisation de Saint Léonard et son tombeau devint un lieu de pèlerinage où l’on venait implorer la guérison des malades.

Toutefois, il y a des gens qui sont sceptiques à l’endroit de la béatification de Léonard, et l’on raconte qu’un cantonnier, passant devant le champ où Léonard avait été inhumé, prononça ces paroles peu respectueuses :
Saint Léonard,Si tu as du pouvoir, Fais-le voir, Fais-moi tortillard !
Dès la nuit suivante, il fut pris de douleurs rhumatismales et devint boiteux. Il fit alors le voeu; s’il obtenait sa guérison, de bâtir un tombeau au saint dont il avait mis la puissance en doute; et son rhumatisme ayant cessé peu après, il accomplit sa promesse.
Ce fait, connu dans le pays, contribua à affermir la réputation de Saint Léonard, et, bien que l’église ne l’eût pas béatifié, il allait plus de monde à son tombeau qu’à la chapelle de Saint Pair, à la Bouexière, et qu’à tous les endroits miraculants des environs.

Tous les ans, malgré l’opposition des prêtres qui défendent d’aller en pèlerinage à la tombe de ce saint non estampillé, une assemblée a lieu le vendredi saint sur la lande près de laquelle Léonard est enterré.

Saint Léonard est un saint connu en Bretagne et il est le patron de la ville de Fougères.

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