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Ne pas avoir peur de l’hypnose ericksonienne

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Qu’est-ce que l’hypnose, réellement ?

Loin de tous les clichés proposés par les médias et des préjugés toutefois en grande diminution, l’hypnose est un état tout à fait normal et commun.

On connait généralement deux états de conscience : l’éveil et le sommeil.

Mais qu’en est-il de ces moments de rêverie où, devant un livre, les yeux parcourent chaque ligne, les doigts font tourner les pages alors que les pensées sont totalement ailleurs ? Ca peut être tellement rageant quelquefois de devoir relire la page complète du fait de ce moment d’absence…

Qu’en est-il de ce voyage en voiture où, tout en conduisant sur l’autoroute en toute sécurité, doublant les véhicules plus lents, les pensées divaguent soit jusqu’au moment où apparaît un danger, soit jusqu’à une sorte de « réveil » où, tout étonné, vous réalisez que vous venez de faire 10 kilomètres sans vous en rendre compte ?
Et qu’en est-il de ce film qui est tellement captivant que vous en avez oublié cette douleur lancinante au ventre, que le temps a semblé filer comme une flèche, et que même quand votre conjoint vous a appelé, vous ne l’avez pas entendu ?

Est-ce de l’éveil ? Est-ce du sommeil ? Pas exactement, c’est un état de conscience modifié, c’est un état qu’on peut qualifier d’état hypnotique. L’hypnologue cherche à aider le client à reproduire sciemment des états similaires, du fait de leurs caractéristiques bénéfiques. On parle souvent d’un orateur hypnotique, ou d’un film hypnotique.

On plonge dans des pensées, dans des rêveries. On vit des émotions, un peu comme devant ce film où, alors qu’une larme coule suite au décès d’un personnage, on sait pourtant pertinemment bien que tout ceci n’est que mise en scène, que c’est du faux. Mais l’émotion est là, et il n’est pas étonnant que certains films, particulièrement hypnotiques, ont littéralement changé la vie de milliers de personnes. Que dire de l’influence de la violence à la télévision sur les jeunes enfants…

milton erickson hypnoseEt l’hypnose ericksonienne, c’est quoi ?

L’hypnose ericksonienne est l’hypnose selon la philosophie et les travaux de Milton Erickson (mort en 1980). Très loin de ce que l’on appelle « hypnose de spectacle » ou « hypnose classique », dans lesquelles il y a comme une forme de « prise de pouvoir » sur le client de par son charisme, l’hypnose ericksonienne est une approche non directive, faisant appel à toutes les facultés créatrices et réparatrices de l’inconscient pour trouver la meilleure solution à un problème donné. C’est aussi une approche qui tend à rendre le client indépendant le plus vite possible. C’est une thérapie brève et la plupart des problèmes sont abordés en 1 à 10 séances, en fonction de la personne, du cas et du contexte. C’est pourquoi cette approche, contrairement à bien d’autres approches qui durent dans le temps, ne crée pas de liens de dépendance vis-à-vis du praticien.

Qu’est-ce que l’inconscient ?

L’inconscient, c’est tout ce qui n’est pas (encore) conscient. On sait que consciemment, on peut réaliser environ 6 à 8 taches simultanément. L’inconscient, lui, est en mesure de réaliser environ 60000 taches en simultané (ce n’est qu’une estimation, car personne n’est capable de mesurer une telle chose). Pensez ne serait-ce qu’au fait de marcher. Des dizaines de muscles sont commandés avec une précision d’horloger pour permettre à cette masse verticale lourde qu’est notre corps de tenir en équilibre et d’avancer avec une grâce particulière. Le simple fait de marcher ne pourrait pas être piloté par le conscient.

Regardez les difficultés qu’a un enfant pour apprendre à marcher. Comme pour tout apprentissage (apprendre à conduire, à rouler à vélo, …), on commence par une phase où l’on décompose consciemment chaque action. Et qu’est-ce qu’on est maladroit quand c’est le conscient qui conduit ! Rappelez-vous de vos débuts. Puis, avec le temps, des réflexes se mettent en place et c’est l’inconscient qui prend le relais. Alors, quand la conduite devient inconsciente (automatique, reflexe), vous pouvez rouler en ville, manier le volant, la boite de vitesse, écouter de la musique, parler avec vos passagers et en plus penser au fait que vous avez oublié d’éteindre la lumière chez vous…

Pourquoi travailler avec l’inconscient et pas avec le conscient uniquement ?

Peu importe combien de ressources tu as.
Si tu ne sais pas t’en servir,
ça ne sera jamais suffisant.

L’inconscient est une mine de connaissance et d’aptitudes. Seulement, avec la quantité faramineuse de nouvelles informations auxquelles il est confronté chaque jour de notre vie, l’inconscient ne peut pas se permettre d’optimiser spontanément tous ses apprentissages, car cela occuperait tout son temps.

C’est pourquoi, si à l’âge de 5 ans vous êtes poursuivi par un petit chien qui vous semble alors effrayant, l’inconscient va mettre en place un programme de survie disant : « ce chien est dangereux ». Fort de ses connaissances et de son expérience, il va même généraliser ce fait en disant : « les chiens sont dangereux ». Et voilà comment en quelques secondes se sera créée une phobie qui vous poursuivra peut-être même lorsque vous fêterez vos 80 ans. Pourtant, vous savez très bien consciemment que tous les chiens ne sont pas dangereux et qu’il n’y a aucune raison d’avoir peur du magnifique labrador de votre voisin. Mais le programme est ancré dans l’inconscient…

Vous est-il déjà arrivé de rêver que vous pouviez voler et profiter librement de cette aptitude ? Si oui, c’est que vous dormiez réellement et votre partie consciente était « endormie ». Essayez de vous imaginer, réveillé, que vous pourrez voler, le résultat ne sera pas le même car vous aurez toujours votre conscient qui vous martellera en disant : « mais tu sais bien que c’est impossible… »

Le conscient a la fâcheuse faculté de saboter à peu près tout ce qui sort de l’ordinaire. Il a besoin de routine.

Si, alors que vous avez mal au ventre, je vous dis « à partir de maintenant, vous n’avez plus mal », ça n’arrivera pas parce que le conscient dira que c’est impossible. Pourtant, l’inconscient sait le faire ! Rappelez-vous de ce film captivant qui vous a fait totalement oublier votre mal de ventre…

Si je vous dit « à partir de maintenant, vous n’entendrez pas la voix de votre femme », le conscient va tout de suite mettre une barrière infranchissable car pour lui, ce n’est pas possible. Mais l’inconscient sait le faire ! Comme pendant ce même film tellement captivant que vous n’entendez que la voix des acteurs…

Le conscient place des barrières là où l’inconscient n’en a pas. En même temps, le conscient peut faire faire des choses qui vont à l’encontre des valeurs de l’inconscient (comme dans tous ces paris stupides ou des jeunes mettent leur vie en danger juste pour prouver qui ils sont, malgré la peur au ventre, signe inconscient qu’ils devraient s’abstenir).

La volonté suffit-elle ?

Le conscient donne des directives (je veux avancer), mais c’est l’inconscient qui commande chaque muscles.

Le conscient peut dire « je veux essayer de faire une apnée de 1 minute », mais c’est l’inconscient qui décide quand il devient urgent de reprendre sa respiration. Et si vous insistez, ultimement, l’inconscient décidera de vous faire « perdre connaissance » pour reprendre le contrôle.

Si la volonté suffisait, vous pourriez par simple décision stopper votre phobie des chiens, parce que vous savez qu’il n’y a pas de raison d’avoir peur de tous les chiens. On dit bien que si la volonté était efficace, les régimes marcheraient…

Il est évident que la volonté n’est pas suffisante. Elle est indispensable pour engager un changement, mais parfaitement insuffisante si l’inconscient ne va pas dans le même sens.

Le changement est-il lent ou rapide ?

Si une phobie peut apparaître en quelques minutes, si un traumatisme peut apparaître en quelques minutes, si des gens ont vécu spontanément des expériences qui les ont métamorphosé en l’espace de quelques minutes, j’ai l’intime conviction que le changement ne doit pas nécessairement être long à mettre en place. Ca ne serait pas logique par rapport à la réalité de tous les jours.

Le cerveau marche par associations. Si l’association entre avion et danger s’est mise en place spontanément suite à la visualisation d’un reportage télé, ce lien (qui n’est autre qu’une connexion au niveau du cerveau) peut tout aussi facilement être retiré.

Bien entendu, pour un hypnologue, dire ça et l’assumer ne va pas de le sens de « se créer une clientèle fidèle »…

Rappelez-vous que le cerveau travaille vite. Essayez de lire un livre en lisant un mot par seconde. Au bout de quelques phrases, vous allez décrocher avec la sensation de n’avoir rien compris. Par contre, si vous lisez plus vite, là, d’un coup, le cerveau s’y retrouve.

Est-ce de la manipulation ?

Tout dépend ce que l’on entend par manipulation.

Oui car l’hypnose est une technique de communication qui s’adresse à l’inconscient. Et dans l’absolu, toute communication est manipulation. Demandez l’heure à votre voisin, c’est de la manipulation. Dites « il ne fait pas chaud ici » pour que votre ami ferme sa fenêtre, c’est encore une plus belle manipulation. Dites à votre conjoint « je t’aime » parce que vous savez qu’elle vous dira « moi aussi je t’aime » et que vous avez besoin de l’entendre, ça aussi, c’est de la manipulation.

Oui aussi car lorsqu’une personne va voir un hypnologue, c’est parce qu’elle a un problème et qu’elle a besoin d’une solution. Allez voir un kinésithérapeute et dites-lui « j’ai un problème, aidez-moi à aller mieux mais ne me manipulez surtout pas », il y a de fortes chances qu’il vous regarde avec de grands yeux. Comme l’hypnose est une forme de communication et que toute communication est manipulation, alors la conclusion est évidente.

Non parce que lorsque l’on parle de « manipulation », ce mot a en français des connotations très négatives. Ce n’est pas le cas dans les pays anglophones par exemple. La manipulation est perverse quand elle est faite à l’insu de la personne. Prenons par exemple les techniques de vente des écoles de commerce, largement basées sur les techniques de PNL, détournées de leur vocation initiale à aider son prochain. On apprend aux commerciaux à manipuler les gens dans le but de les « forcer » indirectement à acheter. Des gourous se servent de la manipulation pour avoir des adeptes. Des managers manipulent leurs salariés pour les faire travailler plus, sans compensation supplémentaire. L’hypnologue a pour but d’aider la personne. Il est soumis à une charte d’éthique claire et contraignante. Il se sert de techniques efficaces pour aider la personne.

Qu’en est-il de ce que l’on appelle les substitutions de symptômes ?

La substitution de symptôme, c’est par exemple quand vous arrêtez de fumer et que vous compensez le manque en mangeant davantage. Bref, vous ne fumez plus mais vous prenez 10 kilos…

Ce phénomène est dû aux association (appelées ancrages) qui ont été faites à un moment donné à un niveau inconscient. Dès le plus jeune âge, l’inconscient peut associer le fait de manger au plaisir (dès les premiers jours de la vie). Puis, à l’adolescence, quand une personne commence à fumer, un deuxième ancrage se met en place entre la cigarette et le plaisir. Arrêtez l’un, et l’autre pourra potentiellement être mis en avant.

L’inconscient ne se remet pas en question spontanément car avec toutes les connaissances et expériences emmagasinées, cela occuperait 100% de son activité… Avec l’hypnose, on peut effacer cet ancrage entre le plaisir et la cigarette et demander à l’inconscient, sur la base de de ce qu’est la personne aujourd’hui, de mettre en place un nouvel ancrage correspondant aux valeurs et aux attentes conscientes de la personne. Bien souvent, le thérapeute et le client ne savent pas quelle solution sera retenue par l’inconscient. C’est là qu’il faut savoir se faire confiance. Peut-être le client va-t-il ressentir, à la place de l’envie de fumer, l’envie de sortir prendre l’air et prendre de profondes inspirations. Peut-être sentira-t-il le besoin d’aller de temps en temps se détendre en nageant à la piscine. L’essentiel est de savoir que la solution qui sera retenue sera la meilleure, d’après les valeurs et les attentes conscientes de la personne.

Peut-on faire faire n’importe quoi à une personne sous hypnose ?

Non, absolument pas.

Alors que vous êtes dans un moment de rêverie au volant de votre voiture, un animal sauvage traverse la route. A peine le danger perçu par l’inconscient, celui-ci redonne immédiatement le contrôle au conscient pour vous protéger. Tout ça parce que l’inconscient a une mission qu’il accomplit depuis le ventre de la mère jusqu’à la mort, à savoir votre protection et votre survie. Quelquefois, il le fait d’une manière difficile à comprendre, mais rien n’est laissé au hasard.

Il est donc impossible de faire faire ou faire dire à quelqu’un sous hypnose quelque chose qui va à l’encontre de ses croyances ou de ses valeurs. Sauf, bien entendu, si la personne en question a le « fantasme caché » de faire la chose en question. On peut tromper le conscient, mais pas l’inconscient.

De plus, les hypnologues sérieux se servent de « fusibles », qui sont des suggestions visant à protéger encore davantage le client et à mettre en place un climat de sécurité total. Ainsi, chacun commence la séance en étant plus rassuré sur le fait que tout se passera parfaitement bien.

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