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L’histoire Oswald Wirth et le Tarot du Moyen age.

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Originaire de la Suisse Alémanique, Oswald Wirth (1860-1943) était arrivé à Paris à l’âge de vingt ans. Ici il connut divers amateurs des sciences occultes, en particulier les membres de la Société Magnétique de France, parmi lesquels il se fit bientôt connaître pour ses capacités de « magnétiseur curatif ». Après un court séjour à Londres, en 1884 il s’affilia au Grand Orient de France, événement qui alluma son intérêt pour le symbolisme maçonnique.

Au début de 1887 il rencontra Stanislas de Guaita, avec lequel il eut une amitié profonde et indissoluble. Le marquis introduit le jeune à l’étude de la Cabale et du Tarot, et après la période nécessaire d’apprentissage il l’accueillit comme membre de l’OKCR, l’Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix. En ayant remarquer ses qualités de dessinateur, il suggéra à Wirth de projeter un nouveau jeu, dans le but de restituer les cartes à leur « pureté hiéroglyphique », comme l’avait souhaité à son époque Éliphas Lévi.

En partant de la base de deux jeux, le Tarot de Marseille (un Tarot de Besançon précisément) et un jeu italien, Wirth fit une élaboration importante, surtout en ce qui concernait (selon sa vision) la correction des erreurs présentes, la juste attribution des couleurs et les détails singuliers des figures. Ainsi virent le jour, après à peine un an, Les XXII Arcanes du Tarot kabbalistique, restitués à leur pureté hiéroglyphique sous les indications de Stanislas de Guaita (Paris, 1889).

La référence à Guaita était juste car, bien que le marquis n’eut laissé aucun écrit sur le Tarot, il est correct de penser que les Arcanes de Wirth fussent une expression de ses enseignements. Wirth même reconnut d’avoir été introduit aux mystères de l’ésotérisme par son père spirituel.

« Guaita, me sachant dessinateur, me conseilla dès notre première entrevue du printemps de 1887, de restituer les 22 Arcanes du Tarot à leur pureté hiéroglyphique et me documenta immédiatement en me confiant deux tarots, l’un Français et l’autre italien, ainsi que Dogme et Rituel de la Haute Magie, l’ouvrage capital d’Éliphas Lévi, où le Tarot est l’objet de copieux commentaires. Tel fut le point de départ du présent travail, dont la paternité spirituelle est attribuable à Stanislas de Guaita. Lui ayant soumis un premier tarot redessiné d’après les jeux grossiers comparés, ce savant occultiste me fit ses critiques, dont il fut tenu compte lors de la publication du Tarot Kabbalistique paru en 1889. (…) Avec l’aide de Stanislas de Guaita, je me suis mis au travail pour acquérir la science du symbolisme m’autorisant à reconstituer le Tarot. (…) Dès que l’on parvient à faire parler les symboles, ils dépassent en éloquence tous les discours, car ils permettent de retrouver la Parole perdue, c’est-à-dire l’éternelle pensée vivante dont ils sont l’expression énigmatique. Déchiffrez les hiéroglyphes de la profonde sagesse muette commune aux penseurs de tous les âges et des religions, des mythes et fictions poétiques, vous dégagerez des notions concordantes relatives aux problèmes qui ont toujours préoccupé l’esprit humain. » (Oswald Wirth, Les 22 Arcanes du Tarot Kabbalistique restitués à leur pureté hiéroglyphique sous les indications de Stanislas de Guaita)

Sur chaque arcane majeur est marquée une lettre hébraïque, selon le schéma conçu par Éliphas Lévi. Suivant beaucoup, Wirth eut le mérite de savoir accepter et résumer la pensée et les principes des plus importants courants initiatiques maçonniques. Il s’en servit pour l’interprétation des secrets de la Grande Oeuvre, se consacrant à l’étude de l’alchimie, de la Cabale et du Tarot. Pour Wirth le symbolisme était une valeur universelle, et il essaya de ramener l’enseignement des diverses écoles ésotériques à une matrice commune grâce à l’emploi d’une symbologie commune, dérivée directement des concepts archétypes de la pensée maçonnique. Il écrivit des textes sur le Tarot dans lesquels il définit l’art de la divination comme une sorte de sacerdoce et de nombreux textes sur la franc-maçonnerie, où il essaya de rendre l’institution compréhensible aux profanes et aux adeptes de façon simple mais aussi transcendante :

« Telle définition est réaliste si l’on considère que la personne exerçant la divination doit se sentir « médiateur », « moyen », « intermédiaire » et « instrument » de telle capacité. Un prêtre l’est : le moment où il accomplit un rituel, la puissance de celui-ci le captive et l’implique au point qu’il parvient presque à annuler sa personnalité même. »

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